Je me suis décidé de t’écrire une lettre au nom des hommes,

Après ta surexposition dans le paysage médiatique québécois cette semaine.

 

Tu es là depuis notre enfance,

Dans l’humour de nos camarades de classe,

Dans les artistes musicaux dont nous admirions leur art,

Dans la porno que nous avons visionné,

Dans les yeux des femmes teintées de peur qui marchent seules la nuit,

Dans les précautions additionnelles des voyageuses de notre planète.

 

Parfois, tu étais là sans que l’on s’en rende compte.

Tu étais là comme un caméléon qui se fond dans le paysage.

 

Nous vacillons entre notre colère vengeresse qui voudrait t’anéantir,

Et notre compassion compréhensive qui voudrait t’aider.

Ça serait plus facile de laisser libre cours à notre colère,

Mais tu n’apprendrais rien.

Cela renforcerait ta perception d’être une victime,

Au lieu de te donner le pouvoir de faire différent.

 

Peut-être que ta mère qui t’a enfanté t’a fait sentir qu’elle ne t’aimait pas,

Et qu’elle ne t’a pas protégé alors qu’elle devait être ton paratonnerre.

Peut-être que ton père ne t’a pas montré comment respecter la femme, 

Ni t’a transmis le plaisir de se soucier du plaisir de l’autre.

Peut-être que ton amoureuse t’a fait sentir que tu ne valais pas grand-chose,

Alors que tu dépendais tellement de son regard.

Peut-être que ta vie n’est qu’une succession de blessures,

Et que de mettre ça sur le dos de la femme donne sens à ton vécu inacceptable.

 

Mais nous te le disons : tes comportements et ta vision de la femme sont faux, rétrogrades et injustes.

Et ce n’est pas une femme qui le dit : se sont nous, des hommes.

Des hommes qui aiment les femmes autour d’eux,

Qui se réjouissent de leurs réussites et de leur épanouissement.

 

Et tu sais quoi?

De plus en plus d’hommes font la même chose que nous.

Ils te disent d’arrêter tes conneries.

Parce que ton mépris touche nos femmes, nos mères, nos filles et nos amies.

 

Les femmes ont fait un gros travail pour s’affirmer et mettre leurs limites.

Mais maintenant, c’est à nous, comme homme, de te dire : c’est assez.

C’est à nous, comme homme, de te dire : va soigner les blessures de ton existence,

Qui t’empêchent de voir la femme comme une richesse de notre espèce.

Qui obscurcissent ton regard,

Au point de transformer une différence chromosomique en une haine et un mépris.

 

Maintenant, nous portons nos boucliers pour repousser tes tentatives relationnelles méprisantes,

Et t’offrons une méthode relationnelle égalitaire et respectueuse.

C’est notre héritage que l’on veut t’offrir comme homme,

Pour te permettre à ton tour d’apprécier pleinement l’autre moitié de notre espèce humaine.

 

Si tu refuses, nous te condamnerons aux limbes de l’isolement.

Nous t’isolerons par notre absence d’humour à ton égard,

Par le refus de contempler ton art et de t’enrichir financièrement,

Par notre dédain envers tes propos misogynes,

Et par nos actions concrètes pour te ramener à l’ordre.

La récréation est terminée: aide-toi.

Parce que s’aider, c’est devenir plus FORT.

 

Ray